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fin de roman

tastrophes et que j’étais une victime de la destinée. Alors, sans attendre la fin de mes vacances à Miami Beach, je pris le train pour retourner à New-York. Là, je me dis que j’avais grand besoin de calme pour me remettre de ce drame qui m’avait bouleversée et je pensai à vous. Je me dis que près des vieux amis que vous êtes, je retrouverais la paix de l’esprit dont j’ai un si grand besoin. Vous fûtes assez aimables pour m’assurer que je serais la bienvenue chez vous. Et me voici. »

— C’est un vrai roman, commenta Mme Lantier lorsque la narratrice se tut.

— C’est une peinture de la vie, déclara à son tour M. Lantier.

Il se fit un long silence.

— Allons, venez vous reposer et oublier tout cela, fit M. Lantier.

Et entraînant sa femme et Irene Dolbrook, ils allèrent tous trois s’installer en face de la rivière. La visiteuse contemplait le spectacle de l’eau qui glissait doucement entre les berges bordées d’arbres et de maisons,

— Comment nommez-vous cette rivière ? interrogea-t-elle après un moment.

— La Rivière Endormie, répondit M. Lantier.

Et c’était là un nom très bien choisi qui la qualifiait exactement.

Le matin en déjeunant, elle voyait la rivière chatoyante au soleil. De sa place à table, la berge était invisible et elle aurait pu se croire sur un bateau d’excursion. Elle éprouvait alors une joie, une allégresse qui la faisaient vibrer. Un peu plus tard, lorsque la chaleur avait fait disparaître la rosée de la pelouse, elle allait s’asseoir sur une chaise de jardin tout au bord de la Rivière Endormie. Là,