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Page:Laberge - Fin de roman, 1951.djvu/24

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fin de roman

Lorsque Marc reparut chez sa mère, celle-ci la figure rayonnante, transfigurée, lui cria d’un ton de triomphe : Mon fils, sois heureux. Ta mère te fait la promesse que tu lui as demandée. J’ai pour toujours rompu les liens du péché et j’espère que tu n’auras plus de reproches à lui faire.

Rempli de joie, le fils embrassa tendrement sa mère. Un hymne d’action de grâces montait de son cœur.

— Cette action recevra sa récompense, promit-il.

Et comme il l’avait dit auparavant, le jour où il célébra sa première messe, où, après avoir consacré l’hostie, il donna la communion à sa mère, fut réellement le plus beau de sa vie.

Mme Louye vécut pendant quelque temps des heures d’une grande félicité. Elle avait triomphé d’elle-même, s’était remise en paix avec Dieu. Tout son cœur s’épanouissait de bonheur.

Puis soudain, son exaltation tomba et elle se mit à se raisonner. Pourquoi avait-elle promis de rompre ? Marc avait toujours été libre de suivre sa voie, la voie qu’il avait choisie. Alors, pourquoi, de son côté, avait-il exigé d’elle un pareil sacrifice ? Pourquoi, ne l’avait-il pas laissée libre de vivre sa vie elle-même. Pourquoi l’avait-il liée par une promesse solennelle ? Ainsi, sans s’en rendre compte, elle reprenait les arguments que Paul Amiens avait inutilement employés pour essayer de la convaincre de la vanité de son renoncement. Elle avait toujours été faible, sans volonté ; elle s’était laissée gagner et persuader par les instances et les prières des autres. Ah, que la raison et la volonté sont faibles chez certains êtres !

Il y avait presque deux mois que Mme Louye et Paul Amiens ne s’étaient vus lorsque le hasard les mit soudain en présence. Ils restèrent un moment interdits, gênés. Puis