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fin de roman

têtes étaient tournées vers elle et chacun se demandait quelle était l’idée d’envelopper la tête d’un enfant avec une gazette. La voiture filait, mais la curiosité ne diminuait pas. À un autre village, l’autobus arrête de nouveau pour recueillir un voyageur solitaire. Mais comme le chauffeur ouvrait la porte du véhicule pour faire entrer le nouvel arrivant, voilà qu’une rafale arrache le capuchon de papier de l’enfant dans les bras de sa mère et, à la stupéfaction générale, nous voyons ce dernier coiffé ou couronné si tu veux, d’un pot de chambre en granit. Ce fut une tempête de rires, une gaîté folle qui secouait tous ces gens qui avaient été si fort intrigués par le capuchon de papier. La femme paraissait gênée, toute confuse. Alors, en cachant avec son manteau le vase qui avait soulevé une telle hilarité, elle expliqua à une voisine âgée que l’enfant en jouant avec son petit pot l’avait malencontreusement enfoncé sur sa tête et qu’il était maintenant impossible de l’enlever. Elle et son mari avaient en vain essayé de débarrasser le petit de sa fâcheuse coiffure. Ils n’avaient pu réussir. Alors, elle conduisait son fils à l’hôpital.

Thérèse, amusée, riait de bon cœur et le curé, les jambes étendues devant lui, fumait son cigare. Il avait complètement oublié son vieux père malade à l’hôpital. Alors, le voilà qui se met à raconter des histoires grasses. Et de l’une à l’autre, il allait. Ce n’était pas le prône qu’il débitait à ses paroissiens.

— Ça me fait penser, dit-il au supérieur du collège où j’ai fait mes études. C’était un gaillard qui ne mâchait pas ses mots. Voyant un jour un élève qui négligeait de fermer une porte après l’avoir ouverte, il l’apostropha brutalement : Écoute mon garçon, une porte c’est pas com-