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LES DEUX SŒURS


Alors qu’elle était devenue veuve à soixante-trois ans, Mme Lebrun avait deux filles, Valentine et Rosabelle, toutes deux mariées. Ces sœurs étaient absolument différentes tant au physique qu’au moral. Valentine était une grande blonde, mince, avec des yeux gris remplis de douceur. Elle était l’épouse de M. Lionel Bélanger, employé dans une compagnie d’assurances et mère de cinq enfants, deux garçons et trois filles. C’était une personne affectueuse, dévouée aux siens, travaillante, économe et d’une rare patience. En somme, un très heureux caractère.

Rosabelle, de deux ans plus jeune que sa sœur, était une petite femme châtaine, aux yeux bruns, insouciante, égoïste, prenant la vie comme elle se présentait, ce qui était pour elle la bonne manière car elle était mariée à un homme d’affaires dont le revenu était plus que suffisant pour réaliser tous les caprices de sa femme. Ce couple n’avait pas d’enfants et menait une existence exempte de troubles et de soucis.

Mme Lebrun n’avait pas été heureuse en ménage. Son mari qui avait été si aimable, si charmant, avait brusquement changé en quelques mois et il s’était montré ce qu’il était réellement : violent, autoritaire, tyrannique, n’ad-