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fin de roman

— C’est une idée, acquiesça M. Petipas qui avait déjà pensé à la chose.

Alors, à la question de la fille, M. Péladeau répondit simplement :

— Nous retournons nous-mêmes à la ville. Viens avec nous.

— Comment te nommes-tu ? demanda M. Petipas.

— Mon nom est Rosalba, répondit-elle.

— Attendez-moi un instant, fit l’homme. Avant de partir, je vais me faire un bouquet de lilas.

Deux minutes plus tard, flanquée à droite par M. Petipas qui portait une gerbe odorante et à gauche par M. Péladeau chargé du produit de la pêche, Rosalba prenait le chemin de la gare. En route, le trio arrêta au petit restaurant où l’on avala un hot-dog et un coca-cola. Ah ! ce n’étaient pas des extravagants ces deux pêcheurs. Ils ne jetaient pas leur argent à tous les vents.

Tout en mangeant son saucisson, Rosalba, sans qu’on l’eût interrogée, voulut expliquer la cause de la dispute dans la chaloupe. « Nous étions partis quatre de la ville et faisions le voyage en autobus. Pendant le trajet, mon ami fit la connaissance d’une voyageuse et il la décida à passer la journée avec nous. Alors, je fus reléguée au second plan et il n’avait d’attentions que pour la nouvelle venue. Je n’ai pas goûté la chose et, à la fin, j’ai insisté pour débarquer et laisser mon ami à sa nouvelle conquête. »

En débarquant du train, à la ville, l’on prit le chemin de la petite imprimerie. Le trio marchait depuis un quart d’heure. L’on arrivait. Soudain, M. Petipas qui regardait au loin, en avant, eut un sursaut. Pris d’inquiétude, alarmé, il resta un moment les pieds rivés au sol, les regards pointés