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fin de roman

canot rouge amarré au bord du lac et l’avait couché à l’envers, le long de la clôture.

La maladie de Lilliane affligeait fort sa sœur Élise et à une couple de reprises, elle accompagna le matin son mari à la ville afin d’aller la voir. Elle revenait le soir fort déprimée, car elle comprenait qu’il n’y avait rien à faire, que l’issue était fatale. En effet, en dépit de toutes les attentions qu’elle recevait de sa mère et du médecin, Lilliane dépérissait chaque jour et s’acheminait rapidement vers la tombe. Son destin était de mourir jeune. Elle s’éteignit à dix-neuf ans, moins de quatre mois après son mariage.

Cette mort si rapide plongea M. Frigon dans une cruelle inquiétude. Il se demandait si sa femme n’était pas atteinte du même mal qui avait emporté sa sœur et son père. Alors, il consulta un médecin qui, après une entrevue, conseilla un examen aux rayons X. L’appareil révéla des lésions au poumon gauche. L’homme de l’art déclara alors que la maternité serait probablement fatale à la jeune femme et qu’il importait de l’éviter. Il recommanda un repos presque complet, un régime alimentaire substantiel et, autant que possible, la vie au grand air, au soleil. Malheureusement, l’on était à la fin de l’automne, à l’époque où il faut s’enfermer. De plus, l’état de la mère de M. Frigon nécessitait des soins continuels. En dépit de son désir de la garder chez lui, de la voir chaque jour, M. Frigon se décida à regret de l’envoyer à l’hôpital car il se rendait compte que sa femme s’épuiserait vite à la soigner. M. Frigon était très attaché à sa mère et ce fut un moment très pénible pour lui que celui où l’ambulance vint la chercher et l’emporta. L’état de la vieille malade était plus grave qu’on le supposait et elle mourut un mois plus tard. Elle fut inhumée à Montréal à côté de son mari. Ce deuil, bien