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fin de roman

étés dans les montagnes. Même, il serait parti pour un voyage, une série de voyages qui lui auraient fait voir tous les pays du globe et qui n’auraient pris fin qu’à sa mort. Non, ce n’était pas cela qui leur convenait à ces deux êtres sédentaires. Ils voulaient rester chez eux.

Le printemps qui suivit la mort d’Estelle l’on apprit que Simone qui avait épousé M. Léon Fanel paraissait à son tour terrassée par la maladie. Sur les conseils du médecin, elle était partie pour Saranac Lake, dans les montagnes Adirondacks, où se rendaient une multitude de malades, espérant trouver là la guérison. On lui avait recommandé une pension, Mount Pleasant Farm, établissement dirigé par un fermier. M. Fanel avait écrit pour demander des informations. On lui avait répondu disant que les malades prenaient leurs repas à la ferme et couchaient dans des cabines individuelles possédant toutes les commodités possibles. La pension, disait-on, était simple et saine : la viande fraîche, des œufs, des légumes, du lait chaud, etc. Simone fut donc dirigée vers Mount Pleasant Farm. À son arrivée, le patron lui assigna une étroite cabine renfermant à peine le nécessaire et lui remit un feuillet imprimé, espèce de prospectus qui renfermait les règlements de l’établissement. L’un de ceux-ci était que la pension était strictement payable d’avance.

Dès le premier jour, Simone fut déçue. La nourriture était médiocre. La viande était de seconde qualité, les légumes que, d’après le feuillet de publicité, on aurait supposé avoir été cultivés sur la ferme, étaient des conserves achetées au village tous les deux jours ainsi que les œufs. Quant au lait, il était réellement chaud, non de la vache qu’on venait de traire, mais parce qu’on l’avait mis dans un récipient sur le poêle après le passage du laitier.