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LA SCOUINE

était belle pour étrenner sa nouvelle toilette. Elle la compléta par un grand tablier blanc et en attachant à son cou avec un ruban bleu, son insigne de congréganiste.

Lorsque le curé allait porter l’extrême-onction à un malade du voisinage, la Scouine se faisait un devoir de s’y rendre également. De plus, elle allait veiller les morts. Une nuit même, s’étant endormie, elle avait scandalisé les autres par un bruit mal venu et très inconvenant.

Sa bigoterie augmentant, elle avait imaginé de dire le soir le chapelet en famille. L’été, après le souper au pain sur et amer marqué d’une croix, chacun se déchaussait, s’agenouillait au dehors sur la galerie. Les pieds moites, jamais lavés, à l’odeur infecte, séchaient pendant que la Scouine récitait les Ave Maria et que les voix chevrotantes, usées des autres, répondaient. Par les temps calmes, les voix suppliantes s’entendaient au loin.

Avec le temps, et dans le but de plaire au vicaire, d’avoir plus de prétextes de se rapprocher de lui, la Scouine était devenue zélatrice de la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus. Elle avait fait poser cette image au-dessus de la porte, et chaque mois, elle allait de maison en maison, collectant les souscriptions et délivrant le « Messager ».

Et les jours coulaient…