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LA SCOUINE

s’informe de sa santé. Les deux hommes s’arrêtent pour causer. Bougie annonce à Charlot qu’il est à poser une nouvelle couverture à la grange. Le travail est déjà fort avancé. Une bonne journée d’ouvrage, et tout sera fini. Charlot s’offre à donner un coup de main pour terminer la besogne. L’autre enchanté, accepte. Et Charlot enlève son habit, son gilet, et grimpe sur l’échelle. Le fils Bougie, un garçon de douze ans, monte le bardeau de cèdre qu’il a préalablement plongé dans un cuve remplie d’eau, pour l’empêcher de fendre en le clouant. L’on respire une agréable odeur de bois fraîchement scié, et l’on entend les marteaux qui cognent, qui enfoncent les clous.

En bas, la fermière porte sa pâte au four, pendant que sa fille Zéphirine, surveille la cuisson du savon qui bout dans un immense chaudron suspendu par une chaîne à une perche posée horizontalement sur deux pieux.

De leur poste élevé, Bougie et Charlot dominent la campagne. Ils voient les fermiers au travail. Les uns charroient du fumier, d’autres labourent, celui-ci répare une clôture, celui-là plante des pommiers. En voici un qui se bâtit une remise, et un autre qui répare un pont sur un fossé. Partout, c’est le travail, l’activité, la vie.

À midi, les deux hommes descendent pour dîner.

La fermière, vive, plaisante, aimable, a fait une omelette au lard et elle apporte sur la table un gros pain blond, chaud et odorant, qu’elle vient de sortir du four. La croûte est de la belle couleur du blé et la mie est blanche et appétissante. Charlot mange avec la famille Bougie, mais malgré toute la cordialité qu’on lui témoigne, les bouchées lui restent dans