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Page:Laberge - La Scouine, 1918.djvu/34

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LA SCOUINE

Ce fut à peine si l’évêque put apercevoir le suppliant, car le cocher tout trempé par la pluie et pressé d’arriver, ne modéra pas l’allure de ses chevaux qui filaient au grand trot. Le père Gagner fut copieusement éclaboussé par le carrosse qui passait. Il se releva en jurant et, désabusé, plus sombre et plus désespéré que jamais, rentra dans sa demeure.

Comme le cortège arrivait sur la place de l’église, l’averse augmenta d’intensité et le vent redoubla de violence. À ce moment, une bourrasque plus forte que les autres, emporta la mitre dorée comme un vulgaire bonnet et l’enleva dans les airs. Et, lorsque le nouveau prélat passa sous l’arche de sapins construite par ses ouailles, il aperçut un bout de corde qui s’agitait follement en haut, avec au-dessus, l’inscription : « Il l’a bien méritée ».