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XXI.



LA Scouine arriva un matin chez les Lecomte, très essoufflée et sous le coup d’une vive émotion.

— Allez-vous à l’exposition ? demanda-t-elle en entrant dans la remise où la mère Lecomte et sa fille Eugénie étaient en train d’écosser des fèves pour la soupe du midi.

— Non, ben sûr, répondit la vieille femme. Ça nous tente plus. Nous y sommes allés il y a deux ans, lorsque nous y avons mené notre étalon, mais je ne sais quand nous y retournerons. Et Charlot, y va-t-il ?

— Oui, mais figurez-vous qu’il vient de se décider. Il disait hier qu’il voulait finir de crocheter ses pois. Ce matin, il a aiguisé sa faulx, puis après le déjeuner, il a changé d’idée et m’a dit de me greyer. Il vient de partir pour chercher son cheval. Oh ! il y avait quelque chose qui me disait que j’irais. Je me sauve m’habiller. Bonjour la compagnie !

La Scouine tourna sur ses talons et reprit à la course le chemin de chez elle.

— Bon voyage ! Ben du plaisir, lui cria la mère Lecomte.

Une heure plus tard, Charlot et la Scouine, endimanchés, montaient en boghei pour se rendre au concours agricole.

Le long de la route, le frère et la sœur voyaient des gens s’apprêtant à partir eux aussi, pour l’expo-