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LE DESTIN DES HOMMES

une tournée dans différents centres des États-Unis, viendrait aussi à Montréal. Il voyageait avec deux boxeurs connus avec qui il donnait des exhibitions de trois rondes. En plus, dans chaque ville qu’il visitait, il faisait aussi trois assauts avec un pugiliste local. C’était là un moyen d’intéresser la population et d’attirer la foule. Après avoir réfléchi toute une nuit à la chose, M. Lafleur crut que ce serait une bonne chose de faire rencontrer son protégé avec le fameux Stanley. En somme, il ne s’agissait que d’une simple exhibition et cela donnerait du prestige à Brisebois et lui ferait de la popularité. Le lendemain, il en parla à son protégé, à l’instructeur de boxe et au journaliste Biron. Brisebois n’avait pas d’opinion. Il ferait ce qu’on lui dirait : il se laissait guider. Après avoir discuté des différents aspects de la chose, les trois autres en vinrent à la conclusion que le temps était venu de mettre Brisebois à l’épreuve. Puis, cela lui donnerait une précieuse expérience. Lorsque le représentant de Stanley arriva dans la métropole pour prendre les arrangements nécessaires, on lui suggéra Brisebois pour une exhibition en trois rondes. Le gérant de l’Américain fit une petite enquête sur le mineur, et, apprenant qu’il n’avait pas de record, qu’il ne s’était jamais battu en public auparavant, il accepta l’offre. Brisebois devait recevoir cinq cents piastres pour ses services. La séance eut lieu quatre jours plus tard. Grâce à la publicité de Biron, il y avait ce soir-là une foule de douze mille personnes pour voir Brisebois faire son début dans une exhibition avec le redoutable Stanley. Le mineur figurait le dernier au programme. Les deux boxeurs qui le précédèrent fournirent un spectacle rapide, scientifique et intéressant, rivalisant d’adresse avec Stanley qui, les payant de sa poche, se sentait en sûreté et atténuait la force de ses coups. Mais lorsqu’il se trouva dans l’arène avec