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Page:Laberge - Quand chantait la cigale, 1936.djvu/74

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QUAND CHANTAIT LA CIGALE

rouges des sémaphores tentent en vain de percer, mais je suis poursuivi par ces sons de mandoline qu’on écorche et qui ressemblent par moments à un miaulement de chat, à un hurlement de chien, à un coassement de grenouille.

Que fait donc ce train qui n’arrive pas ?

Cette attente est crispante.

Au milieu de ses auditeurs, le tzigane joue plus frénétiquement que jamais de son instrument. Il le martyrise avec rage. Il lui arrache des cris qui raclent les nerfs.

Dans cette nuit chaude, dans ces ténèbres cette passionnée, folle et farouche musique est comme l’âme de la nuit noire, chaude, ardente.

Et au bord d’un fossé, je trébuche sur un couple qui s’étreint furieusement.