LA MALADE
NE semaine environ avant Noël, Caroline Bardas
qui dépérissait depuis quelque temps devint gravement
malade et dut prendre le lit. Alors le fermier
Anthime Bardas, son mari qui, toute sa vie, avait cultivé
des terres à moitié, alla chercher pour la soigner sa fille
Zéphirine en service chez M. Lauzon, rentier au village.
Mme Lauzon fut très mécontente et ne cacha pas sa façon
de penser à la bonne.
— En voilà des manières d’agir. Tu me laisses comme ça toute seule dans le temps des fêtes alors que la visite va venir et qu’il va falloir faire à manger. C’est quand j’ai le plus d’ouvrage que tu pars.
— Ben, madame, j’choisis pas mon temps. Ça arrive comme ça. C’est pas ane vacance.
— Dans tous les cas, reste pas trop longtemps absente. J’ai besoin de toi, déclara Mme Lauzon.
Cela signifiait : Qu’elle meure au plus tôt ta bonne femme de mère.
Zéphirine monta dans le berlot avec son père et s’en alla dans le rang de la Blouse pour soigner la malade et tenir la maison.