Page:Labiche, Delacour, Choler - Les Chemins de fer, 1867.djvu/115

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amie ?… Elle dort. Quant à ma nièce, elle est dans le cabinet à côté… J’aurais voulu la garder près de nous… mais le troisième lit était déjà occupé par une vieille Anglaise… (Montrant le lit de droite.) La voilà !… Quand nous sommes entrés, elle ronflait comme un canon… C’est vilain, une vieille Anglaise qui ronfle. (Riant.) J’aimerais mieux la nourrice… elle est boulotte et sans prétentions. (Bâillant.) Ah ! j’ai envie de dormir. (Se recouchant, s’endormant.) Colombe !… prends garde au globe !

JULES, se donnant une forte claque sur la joue.

Les gredins ne me laisseront donc pas dormir ! (Il se met sur ses genoux, prend son mouchoir et l’agite violemment pour chasser les cousins. Regardant dans la chambre.) Tiens ! les autres lits sont habités… Qui diable m’a-t-on fourré là pendant que je dormais ?

GINGINET, rêvant.

Colombe ! prends garde au globe !

JULES.

Hein !… papa Ginginet… en bonnet de coton… un chapeau… sa femme est dans l’autre lit… ils sont venus coucher dans ma chambre… Voilà ce que j’appelle être veinard… (Les rideaux du lit remuent.) Les rideaux s’agitent… elle ne dort pas ! (S’adressant au lit et à voix basse.) Madame ! n’ayez pas peur !… C’est moi !… Madame, est-ce que vous dormez ? Comment lui faire savoir que je suis près d’elle, sans réveiller Ménélas ?… (Faisant un mouvement.) Je vais descendre. (Se ravisant.) Non… elle me prendrait pour un revenant… et elle pousserait des cris !… Voyons donc ! Tiens ! une gaule ! (Il prend la canne à pêche placée près de son lit.) Voilà mon affaire… Si je pouvais entr’ouvrir tout doucement les rideaux… (Il se met à genoux sur son lit et cherche à faire passer le bout de la gaule par-dessus le lit de Ginginet, mais l’hameçon de la ligne se prend dans le bonnet de coton du mari.) Eh ! bien !… je suis accroché !… Ah ! nom d’une flûte !… c’est une ligne… ça a mordu… le bonnet de coton a mordu ! Si je pouvais me décrocher doucement… (Il tire, et le bonnet de coton vient avec la ligne.)