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Page:Labiche - L’amour en sabots, 1861.djvu/34

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LA BIRETTE, ôtant son tablier.

Vous dînerez demain… (Elle jette le tablier à Pigeonnier.)

PIGEONNIER.

Ah ! c’est trop fort !… A-t-on jamais vu des animaux pareils !… Ce matin, ils ne pouvaient pas se souffrir… Et maintenant ils passent leur temps à se frotter le dos… à… (Il se retourne et les aperçoit qui dansent ; avec explosion.) Dieu me pardonne ! ils dansent !

LA BIRETTE.

J’ons des fourmis dans les jambes.

LEGALOUX.

Et moi…dans les moulets.

PIGEONNIER, prenant le milieu. [La Bir. Pig, Leg.]

Voulez-vous bien finir… ou je vous flanque à la porte !

LA BIRETTE, continuant de danser.

Payez l’dédit !

LEGALOUX, dansant aussi.

Les deux dédits !

PIGEONNIER, à part.

Les gredins !… ils me tiennent !… Comment m’en débarrasser ? (Tout à coup.) Ah ! quelle idée ! (Haut, et allant à son bureau.) Eh bien, oui, je te le payerai, ton dédit !

LA BIRETTE. [Pig. Leg., La Bir.]

Les deux !

PIGEONNIER.

Non, celui de Legaloux… Voilà ton argent, file ! (Il revient au milieu.)

LEGALOUX, prenant l’argent, et joyeux. [Leg. Pig. La Bir.]

Quarante écus !

LA BIRETTE.

Eh ben, et moi ?

PIGEONNIER.

Toi, je te garde !

LEGALOUX, pleurant.

Nous séparer !

LA BIRETTE, de même.

Ne plus nous voir ! J’voulions m’en aller.

PIGEONNIER.

Alors, paye ton dédit.

LA BIRETTE.

Puisque j’ons pas d’argent !

PIGEONNIER.

Quand on n’a pas d’argent… on cherche un ami pour lui en emprunter…