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Page:Labiche - L’amour en sabots, 1861.djvu/5

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BOUSSERONDE, à part.

L’imprudente !

HORTENSE.

Alors le baptême de votre neveu est remis ?

PIGEONNIER.

Du tout. Seulement ma femme n’y assistera pas… Elle vous prie de vouloir bien la remplacer… de servir de marraine, par procuration, à l’enfant de ma sœur…

BOUSSERONDE.

Avez-vous reçu de ses nouvelles ?

PIGEONNIER.

Oui… elle est arrivée à Alger… auprès de son mari… et elle nous a écrit de presser le baptême. (À Hortense.) Aussi, j’ai compté sur vous.

HORTENSE.

Volontiers.

BOUSSERONDE.

Voici les dragées… (Offrant son melon.) Et le cadeau d’usage. (il le pose sur le bureau.)

PIGEONNIER, prenant les boîtes de dragées.

Un melon !… Oh ! vous êtes mille fois trop bon !… (Portant les boîtes sur le buffet.) Je vais les poser là, en attendant… car je n’ai plus de domestiques… Les miens m’ont quitté ce matin.

HORTENSE.

Comme les nôtres… Ils sont partis au petit jour… mais c’est aujourd’hui la Saint-Jean.

BOUSSERONDE.

Oui… la loue… comme on dit dans le pays… le marché aux domestiques… et nous allons en arrêter deux autres.

PIGEONNIER.

Cela vous sera facile… c’est dans mon étude que se signent les marchés.

BOUSSERONDE.

Je le sais bien.

PIGEONNIER.

En ma qualité de notaire, c’est moi qui fais les contrats… J’ai passé ma matinée à les préparer… C’est un revenu… deux francs par acte… (Regardant sa montre.) Neuf heures ! Vous allez les voir arriver…

BOUSSERONDE.

Les hommes avec une branche de pin au chapeau.

HORTENSE.

Et les femmes une branche de houx au corsage… C’est gentil !

BOUSSERONDE.

C’est pittoresque !

PIGEONNIER.

Aussitôt après la loue, nous irons faire baptiser le petit…