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Page:Labiche - Le Mystère de la rue Rousselet, 1861.djvu/7

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ENSEMBLE.
GUÉRINEAU.
NAZAIRE.

Mystère et prudence !
Sois muet toujours,
Qu’un profond silence
Règne en tes discours.

Mystère et prudence !
Je saurai toujours
Garder le silence
Dans tous mes discours !

(Guérineau sort.)

Scène II

NAZAIRE, puis AGATHE.
NAZAIRE, seul.

Quelle drôle de maison ! On me défend de sortir, on me défend de parler… Monsieur me dit : Chut ! et madame : Silence ! Quand je dis madame… c’est peut-être mademoiselle… Ce matin, j’ai voulu ranger… il n’y a rien dans les meubles, rien dans les armoires, rien dans la bibliothèque ! c’est très-louche, ça ! C’est comme cette chambre… (il montre la porte à gauche.) dont monsieur a toujours la clef sur lui… Il y entre seul quatre ou cinq fois par jour… il s’y renferme… et au bout d’une demi-heure, il en sort très-pâle, en fermant vivement la porte sur lui… Involontairement, je pense au cabinet de la Barbe-Bleue(Frissonnant.) Brrr ! Je vais jouer un air sur mon violon… ça me calmera. (Il va chercher un violon placé sur le petit tabouret, à l’extrême droite, premier plan.) C’est un art que je cultive depuis mon enfance… Au pays, je faisais danser le dimanche, à quatre sous l’heure… J’aurais pu être musicien, mais l’état de domestique est plus lucratif. (Il donne un accord.) Aïe !… Il est rouillé depuis le temps… (il remonte la chanterelle et donne un nouvel accord.) À la bonne heure !… c’est pur ! (il se met à jouer une contredanse.)

AGATHE, sortant de sa chambre, à droite. [Agathe, Nazaire.]

Quel est ce bruit ? Comment ! c’est vous, Nazaire ?

NAZAIRE.

Oui, madame… j’étudiais.

AGATHE.

Cessez ce charivari.