Page:Labiche - Le Voyage de monsieur Perrichon, Gage, 1905.djvu/12

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Perrichon. — Quoi ?…

Madame Perrichon. — Vous faites des phrases dans une gare !

Perrichon. — Je ne fais pas de phrases… j’élève les idées de l’enfant. (Tirant de sa poche un petit carnet.) Tiens, ma fille, voici un carnet que j’ai acheté pour toi.

Henriette. — Pour quoi faire ?…

Perrichon. — Pour écrire d’un côté la dépense, et de l’autre les impressions.

Henriette. — Quelles impressions ?…

Perrichon. — Nos impressions de voyage ! Tu écriras, et moi je dicterai.

Madame Perrichon. — Comment ! Vous allez vous faire auteur à présent ?

Perrichon. — Il ne s’agit pas de me faire auteur… mais il me semble qu’un homme du monde peut avoir des pensées et les recueillir sur un carnet !

Madame Perrichon. — Ce sera bien joli !

Perrichon, à part. — Elle est comme ça, chaque fois qu’elle n’a pas pris son café !

Un Facteur, poussant un petit chariot chargé de bagages. — Monsieur, voici vos bagages. Voulez-vous les faire enregistrer ?…

Perrichon. — Certainement ! Mais, auparavant, je vais les compter… parce que, quand on sait son compte… Un, deux, trois, quatre, cinq, six, ma femme, sept, ma fille, huit, et moi, neuf. Nous sommes neuf.

Le Facteur. — Enlevez !

Perrichon, courant vers le fond. — Dépêchons-nous !

Le Facteur. — Pas par là, c’est par ici ! (Il indique la gauche.)