Page:Labiche - Le Voyage de monsieur Perrichon, Gage, 1905.djvu/22

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Armand. — Que faire ?…

Daniel. — C’est bien simple ! Puisque nous sommes sur le marchepied du wagon, continuons gaiement notre voyage… cherchons à plaire… à nous faire aimer, chacun de notre côté !

Armand, riant. — Alors, c’est un concours !… un tournoi !…

Daniel. — Une lutte loyale… et amicale… Si vous êtes vainqueur… je m’inclinerai… Si je l’emporte, vous ne me tiendrez pas rancune ! Est-ce dit ?

Armand. — Soit ! j’accepte.

Daniel. — La main, avant la bataille !

Armand. — Et la main après. (Ils se donnent la main.)

Perrichon, entrant en courant, à la cantonade. — Je te dis que j’ai le temps !

Daniel. — Tiens ! notre beau-père !

Perrichon, à la marchande de livres. — Madame, je voudrais un livre pour ma femme et ma fille… un livre qui ne parle ni de galanterie, ni d’argent, ni de politique, ni de mariage, ni de mort.

Daniel, à part. — Robinson Crusoé !

La Marchande. — Monsieur, j’ai votre affaire. (Elle lui remet un volume.)

Perrichon, lisant. — Les Bords de la Saône : deux francs ! (Payant.) Vous me jurez qu’il n’y a pas de bêtises là-dedans ? (On entend la cloche.) Ah diable ! Bonjour, madame. (Il sort en courant.)

Armand. — Suivons-le.

Daniel. — Suivons ! C’est égal, je voudrais bien savoir où nous allons… (On voit courir plusieurs voyageurs.)

FIN DU PREMIER ACTE.