Page:Labiche - Le Voyage de monsieur Perrichon, Gage, 1905.djvu/28

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Henriette. — Mon père a manqué de se tuer !

Daniel. — Est-il possible ?

Perrichon, assis. — Ma femme !… ma fille !… Ah ! je me sens mieux !…

Henriette, lui présentant un verre d’eau sucrée. — Tiens !… bois !… ça te remettra…

Perrichon. — Merci… quelle culbute ! (Il boit.)

Madame Perrichon. — C’est ta faute aussi… vouloir monter à cheval, un père de famille… et avec des éperons encore !

Perrichon. — Les éperons n’y sont pour rien… c’est la bête qui est ombrageuse.

Madame Perrichon. — Tu l’auras piquée sans le vouloir, elle s’est cabrée…

Henriette. — Et, sans M. Armand, qui venait d’arriver… mon père disparaissait dans un précipice…

Madame Perrichon. — Il y était déjà… je le voyais rouler comme une boule… nous poussions des cris !…

Henriette. — Alors, Monsieur s’est élancé !…

Madame Perrichon. — Avec un courage, un sang-froid !… Vous êtes notre sauveur… car, sans vous, mon mari… mon pauvre ami… (Elle éclate en sanglots.)

Armand. — Il n’y a plus de danger… calmez-vous !

Madame Perrichon, pleurant toujours. — Non ! ça me fait du bien ! (À son mari.) Ça t’apprendra à mettre des éperons. (Sanglotant plus fort.) Tu n’aimes pas ta famille.

Henriette, à Armand. — Permettez-moi d’ajouter mes remerciements à ceux de ma mère, je garderai toute ma vie le souvenir de cette journée… toute ma vie !…