L’Aubergiste, apportant le café. — Monsieur est servi.
Daniel, s’asseyant derrière la table, devant la cheminée, et étendant une jambe sur la chaise d’Armand. — Approchez cette chaise… très bien… (Il a désigné une autre chaise ; il y étend l’autre jambe.) Merci !… Ce pauvre Armand ! il court sur la grande route, en plein soleil… et moi, je m’étends ! Qui arrivera le premier de nous deux ? nous avons la fable du Lièvre et de la Tortue.
L’Aubergiste, lui présentant un registre. — Monsieur veut-il écrire quelque chose sur le livre des voyageurs ?
Daniel. — Moi ?… je n’écris jamais après mes repas, rarement avant… Voyons les pensées délicates et ingénieuses des visiteurs. (Il feuillette le livre, lisant.) « Je ne me suis jamais mouché si haut !… » Signé : « Un voyageur enrhumé… » (Il continue à feuilleter.) Oh ! la belle écriture ! (Lisant.) « Qu’il est beau d’admirer les splendeurs de la nature, entouré de sa femme et de sa nièce !… » Signé : « Malaquais, rentier… » Je me suis toujours demandé pourquoi les Français, si spirituels chez eux, sont si bêtes en voyage ! (Cris et tumulte au-dehors.)
L’aubergiste. — Ah ! mon Dieu !
Daniel. — Qu’y a-t-il ?
Scène III.
Armand. — Vite ! de l’eau ! du sel ! du vinaigre !
Daniel. — Qu’est-il donc arrivé ?