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Page:Labiche - Le Voyage de monsieur Perrichon, Gage, 1905.djvu/58

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foule émue et attendrie… Les gens de cœur de tous les pays nous sauront gré de leur signaler un pareil trait. »

Tous. — Ah !

Daniel, à part. — Trois francs la ligne !

Perrichon, relisant lentement la dernière phrase. — « Les gens de cœur de tous les pays nous sauront gré de leur signaler un pareil trait. » (À Daniel, très ému.) Mon ami… mon enfant ! embrassez-moi ! (Ils s’embrassent.)

Daniel, à part. — Décidément, j’ai la corde…

Perrichon, montrant le journal. — Certes, je ne suis pas un révolutionnaire, mais, je le proclame hautement, la presse a du bon ! (Mettant le journal dans sa poche et à part.) J’en ferai acheter dix numéros !

Madame Perrichon. — Dis donc, mon ami, si nous envoyions au journal le récit de la belle action de M. Armand ?

Henriette. — Oh ! oui ! cela ferait un joli pendant !

Perrichon, vivement. — C’est inutile ! je ne peux pas toujours occuper les journaux de ma personnalité…

Jean, entrant un papier à la main. — Monsieur…

Perrichon. — Quoi ?

Jean. — Le concierge vient de me remettre un papier timbré pour vous.

Madame Perrichon. — Un papier timbré ?

Perrichon. — N’aie donc pas peur ! je ne dois rien à personne… Au contraire, on me doit…

Majorin, à part. — C’est pour moi qu’il dit ça !

Perrichon, regardant le papier. — Une assignation à comparaître devant la sixième chambre pour injures envers un agent de la force publique dans l’exercice de ses fonctions.