Page:Labiche - Le Voyage de monsieur Perrichon, Gage, 1905.djvu/75

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Perrichon. — Et j’ai compté sur toi pour être mon second. (Daniel remonte.)

Marjorin. — Sur moi ? permets, mon ami, c’est impossible !

Perrichon. — Pourquoi ?

Marjorin. — Il faut que j’aille à mon bureau… je me ferais destituer.

Perrichon. — Puisque tu as demandé un congé.

Marjorin. — Pas pour être témoin !… On leur fait des procès, aux témoins !…

Perrichon. — Il me semble, monsieur Majorin, que je vous ai rendu assez de services pour que vous ne refusiez pas de m’assister dans une circonstance capitale de ma vie.

Majorin, à part. — Il me reproche ses six cents francs !

Perrichon. — Mais, si vous craignez de vous compromettre… si vous avez peur.

Marjorin. — Je n’ai pas peur… (Avec amertume.) D’ailleurs, je ne suis pas libre… tu as su m’enchaîner par les liens de la reconnaissance. (Grinçant.) Ah ! la reconnaissance !

Daniel, à part. — Encore un !

Marjorin. — Je ne te demande qu’une chose… c’est d’être de retour à deux heures… pour toucher mon dividende… Je te rembourserai immédiatement et alors… nous serons quittes !

Daniel. — Je crois qu’il est temps de partir. (À Perrichon.) Si vous désirez faire vos adieux à madame Perrichon et à votre fille…

Perrichon. — Non ! je veux éviter cette scène… ce seraient des pleurs, des cris… elles s’attacheraient à mes habits pour me retenir… Partons ! (On entend chanter dans la coulisse.) Ma fille !