Page:Labiche - Le Voyage de monsieur Perrichon, Gage, 1905.djvu/86

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Henriette, se reprenant. — Ma mère ne veut pas ! elle ne partage pas les sentiments de papa ; elle est reconnaissante, elle ; elle vous aime… Tout à l’heure elle me disait encore : « M. Armand est un honnête homme… un homme de cœur, et ce que j’ai de plus cher au monde, je le lui donnerai… »

Armand. — Mais ce qu’elle a de plus cher… c’est vous !

Henriette, naïvement. Je le crois.

Armand. — Ah ! mademoiselle, que je vous remercie !

Henriette. — Mais c’est maman qu’il faut remercier.

Armand. — Et vous, mademoiselle, me permettez-vous d’espérer que vous aurez pour moi la même bienveillance ?

Henriette, embarrassée. — Moi, monsieur ?

Armand. — Oh ! parlez, je vous en supplie…

Henriette, baissant les yeux. — Monsieur, lorsqu’une demoiselle est bien élevée, elle pense toujours comme sa maman. (Elle se sauve.)



Scène VIII.

ARMAND, puis DANIEL.

Armand, seul. — Elle m’aime ! elle me l’a dit !… Ah ! je suis trop heureux !… ah !…

Daniel, entrant. — Bonjour, Armand.

Armand. — C’est vous… (À part.) Pauvre garçon !

Daniel. — Voici l’heure de la philosophie… M. Perrichon se recueille… et, dans dix minutes, nous allons connaître sa réponse. Mon pauvre ami !

Armand. — Quoi donc ?