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Page:Labiche - Le Voyage de monsieur Perrichon, Gage, 1905.djvu/87

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Daniel. — Dans la campagne que nous venons de faire, vous avez commis fautes sur fautes…

Armand, étonné. — Moi ?

Daniel. — Tenez, je vous aime, Armand… et je veux vous donner un bon avis qui vous servira… pour une autre fois ! Vous avez un défaut mortel !

Armand. — Lequel ?

Daniel. — Vous aimez trop à rendre service… c’est une passion malheureuse !

Armand, riant. — Ah ! par exemple !

Daniel. — Croyez-moi… j’ai vécu plus que vous, et dans un monde… plus avancé ! Avant d’obliger un homme, assurez-vous bien d’abord que cet homme n’est pas un imbécile.

Armand. — Pourquoi ?

Daniel. — Parce qu’un imbécile est incapable de supporter longtemps cette charge écrasante qu’on appelle la reconnaissance ; il y a même des gens d’esprit qui sont d’une constitution si délicate…

Armand, riant. — Allons ! développez votre paradoxe !

Daniel. — Voulez-vous un exemple : M. Perrichon…

Perrichon, passant sa tête à la porte du pavillon. —. Mon nom !

Daniel. — Vous me permettrez de ne pas le ranger dans la catégorie des hommes supérieurs. (Perrichon disparaît.)

Daniel. — Eh bien, M. Perrichon vous a pris tout doucement en grippe.

Armand. — J’en ai bien peur.