Aller au contenu

Page:Labiche - Les Précieux, comédie en un acte, mêlée de chant, 1855.djvu/11

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Fulbert

Quoi donc ?

Madame Gaudin

Venir nous parler de la blanchisseuse !

Ulric

De gros !

Madame Gaudin

Quand nous planions sur les cimes

Fulbert, s’excusant.

Pardon… je ne savais pas que Madame planât… (À Vertchoisi.) Monsieur, il y a aussi là un Anglais qui demande si vous voulez lui vendre votre chien danois.

Ulric et Vertchoisi

Tiens !…

Vertchoisi

Et combien en offre-t-il ?

Delphine, avec reproche.

Oh !… vendre son chien !

Vertchoisi, avec feu.

Jamais [Delphine, Madame Gaudin, Vertchoisi, Fulbert, Ulric.]… vendre son chien !… ce compagnon de nos joies et de nos misères !…

Ulric

Le chien ! la dernière élégie du pauvre !

Vertchoisi

Le chien ! Poète sublime de la résignation et du sacrifice ! (À Fulbert.) Tu entends !… jamais !… jamais !…

Ulric, bas à Fulbert.

C’est égal, si tu en trouves soixante francs… lâche-le !

Fulbert, étonné.

Ah ! bah ! (Il remonte.)

Madame Gaudin

Quelle noblesse de sentiments !

Delphine, à Vertchoisi, avec émotion.

Oh ! merci. Monsieur… merci !… je suis heureuse ! bien heureuse de vous entendre parler ainsi…

Vertchoisi, à part.

Tiens ! comme elle a dit ça !

Fulbert, bas à madame Gaudin.

Madame, faut-il servir ? [Delphine, Fulbert, Madame Gaudin, Vertchoisi, Ulric.]

Madame Gaudin, à Vertchoisi et à Ulric.

Shakespeare l’a dit, Messieurs… les femmes doivent savoir quelquefois descendre sur la terre… nous allons nous occuper du déjeuner ?

Vertchoisi, à part.

Ma foi ! Shakespeare a bien fait de dire ça… s’il l’a dit !… (Saluant. Mesdames…

Les deux dames, saluant.

Messieurs…