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Page:Labiche - Les Précieux, comédie en un acte, mêlée de chant, 1855.djvu/18

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Fulbert

Allez, Monsieur, vous pouvez jeter le caillou de l’injure dans la mare de mon indifférence.

Gaudin

Encore !… (À Dumouflard.) Laissez-moi le gifler ?

Fulbert, se sauvant.

Je vais vous annoncer à ces dames… [Fulbert, Gaudin, Dumouflard.]

Gaudin

Dépêche-toi, et puis tu iras chercher mes bagages au chemin de fer.

Fulbert

J’irai. (À part, en sortant.) Oh ! la société !…

Gaudin, à Dumouflard.

Il me tarde de vous présenter à ces dames ; justement j’entends ma nièce.

Dumouflard

Permettez-moi d’abord de faire un bout de toilette… Une première entrevue… c’est grave.

Gaudin

Allez, mon ami… (Le faisant entrer à droite, deuxième plan.) Tenez, par là… (Dumouflard sort.)


Scène IX.

GAUDIN, DELPHINE [Delphine, Gaudin.], puis MADAME GAUDIN, puis VALTRAVERS
Delphine, entrant.

Mon oncle ?…

Gaudin

Ah ! Delphine !… (Il l’embrasse.) Chère petite !…

Delphine

Votre voyage a-t-il été savoureux et doux ?…

Gaudin

Non !… ces banquettes sont d’un dur…

Madame Gaudin, entrant impétueusement.

Où est-il ?… où est-il ?…

Gaudin

Ah ! voilà ma femme !… [Delphine, Madame Gaudin, Gaudin.] (Voulant l’embrasser.) Bonjour, Madame Gaudin ?…

Madame Gaudin, l’écartant avec lyrisme.

Ô tristesse de l’absence !… Ô joies du retour !…

Gaudin, étonné, à part.

Qu’est-ce qu’elle a ?… (Voulant l’embrasser.) Bonjour, Madame Gaudin.

Madame Gaudin, l’écartant

Qu’elles sont longues les heures de l’attente, qu’elles sont amères, les larmes de la séparation !