Page:Labiche - Les Précieux, comédie en un acte, mêlée de chant, 1855.djvu/17

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Fulbert.

Oh ! monsieur !… ils ne vendent rien… ce sont des gens très comme il faut… !

Gaudin et Dumouflard, offensés.

Hein ?…

Gaudin.

Est-il venu des lettres pour moi ?…

Fulbert, tirant une lettre de sa poche.

Oui, monsieur, en voilà une.

Gaudin.

Donne.

Fulbert.

Non !…

Gaudin.

Comment, non ?…

Fulbert.

Attendez !… (Il va prendre un plat d’argent et pose la lettre dessus.)

Gaudin, le regardant.

Qu’est-ce qu’il fait ?…

Fulbert, présentant le plat d’argent.

Le courrier de monsieur.[1]

Gaudin.

Pourquoi cette argenterie ?

Fulbert.

C’est l’usage, monsieur, on met les lettres sur le plat…

Gaudin.

Et sur quoi mettra-t-on les œufs, imbécile ? pourquoi ne me les présentes-tu pas à la cuiller ?

Fulbert.

Mais, si c’était la mode…

Gaudin.

Voyons, assez !… est-ce qu’il a grêlé ici, pendant mon absence ?

Fulbert.

Non, monsieur.

Gaudin.

En traversant le verger, je n’ai plus retrouvé un seul abricot.

Fulbert.

Ce sont sans doute les autans.

Gaudin.

Qu’est-ce que c’est que ça ?

Dumouflard.

Le vent.

Gaudin, à Fulbert.

Alors, pourquoi ne dis-tu pas le vent ?

Fulbert.

Non, monsieur, c’est poncif.

Gaudin.

Ah ! mais !… tu m’agaces à la fin, animal, butor ![2]

  1. Gaudin, Fulbert, Dumouflard.
  2. Gaudin, Dumouflard, Fulbert.