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Page:Labiche - Les Précieux, comédie en un acte, mêlée de chant, 1855.djvu/9

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Madame Gaudin

Oui… la nuit silencieuse avait arboré sa broche d’opale.

Vertchoisi

Ah ! délicieux !… de qui est le mot ?

Madame Gaudin, hésitant.

Mais… il est de moi…

Delphine, bas.

Ah ! ma tante !

Madame Gaudin

Tais-toi donc !… il ne faut pas avoir l’air de boutiquières ! (Haut.) Et comment se comporte ce matin M. de Valtravers… notre cher noyé ?

Ulric

Oh ! bien doucement…

Vertchoisi

Il a eu cette nuit une petite rechute.

Madame Gaudin

Ah ! pauvre jeune homme !

Vertchoisi

Vous nous en voyez confus… car nous abusons vraiment d’une hospitalité…

Delphine

Par exemple !

Madame Gaudin

Ne parlons pas de ça !… parlons de vos œuvres plutôt… Comptez-vous bientôt faire éclore quelques-unes de ces rutilantes poésies…

Vertchoisi

Plus tard, belle dame… mes strophes sont encore suspendues aux mamelles de ma fantaisie !…

Madame Gaudin, avec ménagement.

Et… de quelle école êtes-vous ?

Vertchoisi

De la mienne, Madame… je conteste toutes les autres.

Ulric

Nous contestons toutes les autres !

Madame Gaudin

Il en est, cependant, que la renommée a consacrées.

Vertchoisi, Ulric

La renommée !

Vertchoisi

Nous ne sacrifions pas à cette idole, dont les méplats et les teintes mordorées se jouent dans les pénombres de ce phantascope qui a pris le monde pour stylobate !… voilà mon opinion !

Ulric

Je la partage.

Madame Gaudin

Stylobate !… Ah ! que c’est joli !… (Bas à sa nièce.) Qu’est-ce que ça veut dire ?