Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 02.djvu/427

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Horace.

Ah ! c’est là que je pensais au bon petit chablis de ma tante, et à la cloyère d’huîtres qu’elle nous offrait au jour de l’an !

Madame de Guy.

Pauvre garçon ! tu en auras pour ton déjeuner !

Lucile.

Avec du citron.

Horace.

Ce n’est pas pour cela que je l’ai dit !… mais j’accepte ! Nous étions sans pain, ni eau… ni tabac !… Cruelle complication ! Heureusement que j’avais dans ma petite troupe un Parisien… et un Parisien dans un régiment, voyez-vous, c’est comme un couplet de vaudeville dans une tragédie… Aussi, quand arrivait l’heure des repas, nous nous serrions le ventre et nous chantions en choeur…

Lucile.

Quoi ?

Horace, chantant

Ah ! il a des bottes ! il a des bottes ! Bastien !

Madame de Guy et Lucile, riant.

Ah ! ah ! ah !

Horace.

Je vous assure que ça étonnait bien les Arabes ! Cette invocation fut entendue, car le lendemain une colonne de ravitaillement vint nous dégager ; il était temps !… Nous avions soif depuis vingt-quatre heures.

Madame de Guy, vivement.

Veux-tu boire quelque chose ?

Tous trois se lèvent.