Ah ! c’est là que je pensais au bon petit chablis de ma tante, et à la cloyère d’huîtres qu’elle nous offrait au jour de l’an !
Pauvre garçon ! tu en auras pour ton déjeuner !
Avec du citron.
Ce n’est pas pour cela que je l’ai dit !… mais j’accepte ! Nous étions sans pain, ni eau… ni tabac !… Cruelle complication ! Heureusement que j’avais dans ma petite troupe un Parisien… et un Parisien dans un régiment, voyez-vous, c’est comme un couplet de vaudeville dans une tragédie… Aussi, quand arrivait l’heure des repas, nous nous serrions le ventre et nous chantions en choeur…
Quoi ?
Horace, chantant
Ah ! il a des bottes ! il a des bottes ! Bastien !
Ah ! ah ! ah !
Je vous assure que ça étonnait bien les Arabes ! Cette invocation fut entendue, car le lendemain une colonne de ravitaillement vint nous dégager ; il était temps !… Nous avions soif depuis vingt-quatre heures.
Veux-tu boire quelque chose ?
Tous trois se lèvent.