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Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 03.djvu/256

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mon fils… Allons, Gaudrion, mon ami, sois aimable, sois joli cœur… et marche, à travers les bosquets de Cythère à la conquête de ta progéniture !

À c’te p’titAIR final de Renaudin.

À c’te p’tit’, qui me tient rigueur,
Comment donc parvenir à plaire ?
Voyons, que pourrais-je bien faire,
Pour arriver jusqu’à son cœur ?
Des vers… Oui, ça fait des victimes…
Mais je suis né ru’ Greneta,
Et ce n’sont qu’ les boulangers d’Nîmes,
Qui pétriss’nt de ces choses-là !
Si je m’improvisais ténor,
Si je lui chantais un’ romance ?
Près de la beauté ça vous lance…
Mais je chante comme un castor !
À ses yeux, pour avoir des titres,
J’voudrais quéqu’ chos’ de vif, de frais.
De très-frais… Tiens ! un’ douzain’ d’huîtres ?
Eh bien, non !… c’est encor mauvais !
Mais, parbleu ! voilà mon affaire !
Des fleurs… c’est très-fade et ça plaît ;
Il s’agit d’trouver un’ bouqu’tière
Oui m’cède à bas prix un bouquet.
J’dois en trouver un’, j’imagine,
Dans c’ quartier-ci…

Il remonte

Dans c’quartier-ci… Mais, que j’suis sot !
J’aperçois là, chez la voisine,
Un bouquet qui flân’ dans un pot ;
Si je l’empruntais ?… Pourquoi pas ?

Il prend les pincettes, se penche par la fenêtre de droite, ramène un bouquet et passe à gauche.

V’là comme on cueill’ la marjolaine !
J’le lui rendrai la s’main’ prochaine…
Il faut s’entr’aider ici-bas !

Pendant la ritournelle de l’air, Frisette entre et traverse le théâtre en se dirigeant vers la cheminée de droite.