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Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 03.djvu/259

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GAUDRION.

C’est juste… v’là un nouveau pensionnaire… faut un couvert de plus !

FRISETTE.

Ah ! ce n’est pas ça qui m’inquiète… parce que, si mes jours ne suffisent pas, je prendrai sur mes nuits donc !

GAUDRION.

Sur vos nuits ?… ah ! pauvre petite femme ! (Il la regarde.) Tiens ! tiens ! tiens !… (Haut.) Eh bien, voulez-vous que je vous dise… c’est très-bien, ce que vous avez fait… adopter comme ça une pauvre petite créature… se dévouer pour elle… je n’y avais pas pensé d’abord… mais c’est très-bien… c’est… (La regardant encore.) Tiens ! tiens ! tiens !

FRISETTE.

C’est tout naturel.

GAUDRION.

Eh bien, non !… ce n’est pas naturel… (s’asseyant.) Il y en a d’autres, à votre place et dans votre profession, qui auraient préféré courir les bals, les spectacles, les amoureux… tandis que vous ! vous travaillez jour et nuit, sans penser que ça peut vous rendre malade, vous rougir les yeux… avec ça qu’ils sont très-jolis, vos yeux !

FRISETTE.

Vous trouvez ?

GAUDRION.

Oh ! oui !… (Rapprochant sa chaise.) Dites donc !… c’est drôle, tout de même… ce matin, je ne pouvais pas vous regarder en face…

FRISETTE.

C’est comme moi.