Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 03.djvu/404

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de naissance ? Je suis fils de Raoul de Fourchevif et de dame Raymonde Jacotte de Fourcy.

Fourchevif, à part.

J’ai vu ces noms-là dans mes titres. (Haut.) Mais que signifie cette carte : « Étienne Lambert » ?

Lambert.

C’est mon nom de peintre, mon nom de guerre, si vous voulez… Sans fortune et obligé de vendre mes tableaux pour vivre, je n’ai pas cru devoir associer le nom de mes ancêtres aux péripéties d’une position… plus que précaire ; il sied mal de porter ses diamants quand on n’est pas toujours sûr d’avoir un habit. Alors, j’ai mis le nom de mes aïeux dans ma poche, par respect pour eux, et j’en ai arboré un autre : Étienne Lambert ! Au moins, celui-là n’engage pas. Étienne Lambert peut endosser la blouse du peintre, fumer librement sa pipe, loger au sixième étage, et, dans les jours difficiles, aborder sans humiliation le dîner à vingt-deux sous… Le baron de Fourchevif ne le pourrait pas.

Fourchevif.

Vous m’avez l’air d’un brave garçon, je crois que nous pouvons nous entendre.

Lambert.

Comment cela ?

Fourchevif.

Du moment que vous ne vous servez pas du nom de vos ancêtres, je ne vois pas pourquoi vous vous opposeriez à me le laisser porter.

Lambert.

Vous croyez que ça se prête comme un parapluie ?