Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 05.djvu/185

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après quoi, on rentre dans le sein de la société avec le calme sourire d’une conscience qui a fait son devoir !

Antoine.

Bien, monsieur… Une autre fois, je prendrai ma clef.

Beautendon.

À la bonne heure.

Antoine.

Ah ! monsieur, voilà une lettre pour vous ! c’est six sous.

Beautendon.

Quel est l’incivil qui n’affranchit pas ses lettres ? (L’ouvrant.) Après ça, il s’agit peut-être d’une forte commande… (Lisant.) "Monsou." Qu’est-ce que c’est que ça ?

Antoine.

Mon sou ? c’est un mendiant !

Beautendon, lisant.

"Monsou, sorti viou déis dangiers léis plus féroços… siou escapa !…" (S’interrompant.) "Escapa ! " Escarpin, il a voulu dire ! c’est quelque cordonnier espagnol… Je me la ferai traduire… (Il la met dans sa poche.) Savez-vous si mon fils est levé ?

Antoine.

M. Godefroid ? je ne sais pas, monsieur… mais, tout à l’heure, il ronflait comme un bœuf !

Beautendon, scandalisé.

Juste ciel ! mon ami, quelle comparaison !

Antoine.

Sans comparaison, monsieur ; après ça, il s’est peut-être levé depuis… Voulez-vous que j’aille voir ?

Beautendon.

Antoine, vous me désolez.