Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 06.djvu/240

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OCTAVE.

Au lieu de dîner tranquillement à cinq heures… de vous coucher à neuf… de placer une partie de vos revenus… comme font tous les pères !

POTFLEURY, à part.

Je te vois venir !

OCTAVE.

Vous entamez votre capital… pour courir les soupers. les bals masqués… Tenez ! vous finirez sans un sou dans la poche, malade, ruiné, perclus !… et, quand on demandera : « M. Potfleury père, qu’est-ce qu’il faisait ?… — Lui ? rien ! il soupait ! »

POTFLEURY.

Ah ! tu me tires mon horoscope ! À mon tour !… Toi, tu seras riche, énormément riche ! à force d’empiler les liards sur les sous et les sous sur les liards ; tu auras voiture… parce que ça se voit !… mais tes chevaux seront poussifs, tu mesureras leur foin, tu pèseras leur paille et tu leur souhaiteras de l’avoine ! (Octave nettoie ses gants avec un morceau d’élastique.) Tes domestiques auront de belles livrées… parce que ça se voit !… mais, en rentrant, ils l’ôteront pour mettre tes vieux habits de rebut, frotter tes vieux meubles et manger tes vieilles pommes de terre !

OCTAVE.

Ah ! je ris !… je ris beaucoup !…

POTFLEURY.

Tu porteras des gants paille… parce que ça se voit !… mais, quand on ne te regardera pas, tu les nettoieras dans un coin… comme dans ce moment !

OCTAVE.

Papa !…