Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 06.djvu/292

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partir juste huit jours avant son mariage, et sans dire où il allait ! (À Cadet qui rentre.) Il n’y a pas de lettre aujourd’hui ?

Il s’assied à gauche.
CADET, indiquant la table de gauche.

Ah ! si, monsieur, il y en a deux !

POTFLEURY, regardant les enveloppes.

Celle-ci est pour Octave.. timbrée de Romorantin… (Il la pose sur la table.) Et l’autre ?… Elle n’est pas affranchie… c’est de mon fils !… (Se levant et l’ouvrant.) Juste ! (Il lit.) « Mon cher pa… »

CADET.

Mon cher pa ?…

POTFLEURY.

Il a voulu mettre « papa »… il a économisé une syllabe… Ce que c’est que l’habitude !… (Lisant.) « Je vous ai quitté un peu brusquement, mais je voulais visiter par moi-même les propriétés de ma future… les estimer, et vérifier l’état des bâtiments… » (Parlé.) En voilà un amoureux ! (Lisant.) « La ferme de la Brossinière est bâtie en briques, les fondations sont en meulière, la charpente en cœur de châtaignier, et la couverture en tuiles de Bourgogne… » (Parlé.) Eh bien, qu’est-ce que ça me fait ?… c’est une lettre de maître maçon, ça !… (Lisant.) « Les terres sont marnées, argileuses et très-propres au froment. » (Parlé.) Ah ! il m’ennuie !… (Il tourne la page.) « Il y a cinq vaches malades, mais ça m’est égal, elles sont au fermier.. En somme, le suis content de mon voyage ; je serai de retour aujourd’hui pour dîner… dites à Cadet de me faire deux œufs à la coque et une omelette. »

CADET, remontant.

Très-bien !