Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 06.djvu/364

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Bougnol.

Va toujours.

Chalandard, lisant.

"Si, par impossible, vous persistiez à l’épouser, je vous déclare qu’à partir de ce jour je m’attache à vos pas… et que ma vie tout entière sera consacrée à vous faire…"

Bougnol, vivement.

Passe le mot !

Chalandard.

Il était temps… (Riant.) Il était temps.

Bougnol.

Passe le mot… Maintenant, lis le Post-Scriptum.

Chalandard, lisant.

"Celle que j’aime s’appelle Laure, permettez-moi de signer Pétrarque." (Parlé.) Eh bien ?

Bougnol.

Eh bien, cette lettre m’est tombée sur la tête comme une douche d’eau froide.

Chalandard.

Comment ?

Bougnol.

Je suis d’une sensibilité déplorable… la moindre émotion me trouble… J’ai des spasmes… des vapeurs… ma langue s’embarrasse… Je bredouille… Je bégaye !… j’ai bé… bé… gayé !…

Chalandard.

Bah ! Et ta femme, qu’a-t-elle dit ?

Bougnol.

La pauvre enfant ! elle a paru très étonnée… Je l’ai laissée en train de lire un petit roman qui se trouvait là.