Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 07.djvu/234

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sur les bas-côtés, il en décroche lui-même les lanternes, et, bon gré mal gré, nos cochers immobiles nous servent à la fois de candélabres et de témoins… à quarante sous l’heure… Nous croisons le fer… Oh ! je vis tout de suite que j’avais affaire à forte partie… (S’animant.) Aussi, comme nous nous comprenions, c’était un plaisir ; tous nos coups étaient mutuellement portés et parés… Sans presque nous voir, nous nous devinions dans l’obscurité, et…

Olympe.

Et vous êtes resté sur la place avec une blessure !

Cravachon.

Oui, ce cher ami, il m’a désossé l’épaule… (Vivement.) Mais, je ne m’en plains pas, oh ! Dieu !

Olympe.

Vous lui devez des remerciements, peut-être.

Cravachon.

Pourquoi pas ? car tous les jours on est blessé… Qu’est-ce qui n’est pas blessé ?… Mais pas comme ça ! oh ! non ! pas comme ça ! (Tristement.) Ah ! je ne regrette qu’une chose…

Olympe.

Quoi donc ?

Cravachon.

Tu ne le croiras pas… je ne sais pas encore comment il m’a touché… il faisait si noir… Je donnerais dix napoléons pour connaître ce coup-là… car, enfin, je ne me découvre jamais, c’est connu. Est-ce en quarte ? Est-ce en tierce ?

Olympe.

La belle avance.