Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 07.djvu/50

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Alors, M. Bigouret, perdant toute pudeur, m’a appelé ver de terre ! ennemi de la société ! ramassis de tous les vices !… Je me suis fâché… il m’a poussé, je l’ai poussé, et, après une lutte qui n’a pas été sans éclats… nous avons cassé trois bocaux !… il m’a prié de sortir… par les épaules !… Il est évident que la comtesse ne m’aime pas ; car, si elle m’aimait, elle n’aurait pas remis mes vers à son noble parent… Si elle m’a fait quelques avances, c’était pour se faire frictionner… et maintenant elle me rejette comme une orange dont on a exprimé le suc !… Oh ! les femmes !… Je l’aurais pourtant bien respectée, celle-là !… (Pause.) Qu’est-ce que je vais devenir ? Me voilà sur le pavé… sans domicile… avec… (Il fouille dans sa poche et compte son argent.) Faisons ma caisse : vingt-sept francs, et quatre sous dans une autre poche… Ce n’est pas une position, ça… Où aller ?… Je ne connais personne à Paris… Je sens que je prends la vie en grippe… et pour un rien… (Changeant de ton.) Tiens ! j’ai faim ! j’ai envie de faire une noce !… Je vais aller souper dans un grand restaurant… je demanderai des plats inconnus… des vins étranges et mystérieux, et après… eh bien, après… nous verrons !… On sort du théâtre… Des femmes ! Ah ! je ne veux pas les voir !

Il sort par la droite, derrière la maison de Bigouret.


Scène IV

Spectateurs, Hommes et Femmes, sortant du théâtre ; puis Gredane, Madame Gredane, Bathilde puis Bigouret
Premier spectateur, donnant le bras à sa femme.

Dépêchons-nous, il va pleuvoir !…

La Dame.

Mais il pleut.