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Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 09.djvu/404

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Maurice.

Pendant une halte… l’idée me vint de m’aventurer aux environs, dans la montagne… Je n’avais pas fait quatre cents pas, que je me trouvai entouré, garrotté… J’étais tombé au milieu d’une bande…

Berthe, effrayée.

Ah ! mon Dieu !

Carbonel, se frottant les mains.

Nous y voilà ! voilà les brigands !

Maurice.

Je leur raconte mon histoire… aussitôt ils expédient un des leurs à mes quatre amis, avec une lettre ainsi conçue : "Si, à deux heures, vous n’avez pas déposé cinq mille piastres au pied du grand chêne Della-Grotta, vous y trouverez votre ami attaché avec deux oreilles de moins."

Berthe.

C’est affreux !

M. et Madame Carbonel.

C’est horrible !

Duplan, tranquille.

Moi, je connais l’histoire… ça ne m’émeut pas…

Maurice.

C’est alors que Jules, n’ayant pas cinq mille piastres… eut un trait de génie !… Il ouvrit la pharmacie du docteur, y prit un flacon de laudanum dont il versa le contenu dans les bouteilles de bordeaux, puis il poussa l’âne, chargé de vin, au pied du grand chêne Della-Grotta… et s’en revint bien vite… À deux heures précises… les brigands arrivèrent, et, trouvant l’âne au lieu des cinq mille piastres, ils se mirent à jurer en italien… ils m’attachèrent à l’arbre et se préparèrent à me découper…