Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 09.djvu/85

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Le Marquis.

Je me figure quelquefois que, si le ciel n’a pas béni notre union, c’est qu’elle n’est pas légitime.

Blanche.

Oh ! non ! ça ne tient pas à ça !

Le Marquis.

Blanche, pourquoi ces lenteurs qui durent depuis dix ans ?… car il y a dix ans que je vous connus pour la première fois, à Mosquitos, où vous étiez venue donner des leçons de piano à un franc le cachet.

Blanche.

Elève du Conservatoire, un… accident, arrivé dans ma famille, m’avait réduite à cette extrémité.

Le Marquis.

Oui, je sais… C’est alors que, touché de vos chastes grâces, j’eus l’ingénieuse pensée de vous demander quelques leçons de piano… à deux francs.

Blanche.

Je n’oublierai jamais vos bontés.

Le Marquis.

Doux souvenirs ! Nos mains se rencontraient sur les touches d’ivoire, nos pieds sur la pédale d’étouffement, et vous poussiez des petits cris aigus…

Blanche.

C’étaient vos bottes, mon ami.

Le Marquis.

Heures pleines de poésie et de laisser-aller, où vous m’avouâtes que vous étiez demoiselle…

Blanche.

Dame !