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Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 10.djvu/203

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MADAME CHAMEROY.

Sois donc tranquille !…

CHAMEROY.

Mais M. de Vérac a donc été content de la visite qu’il nous a faite dans notre loge ? Henriette lui a donc plu, puisqu’il revient aujourd’hui ?

MADAME CHAMEROY.

Probablement !

CHAMEROY.

J’étais si troublé, que je n’ai rien vu ! C’est à quatre heures qu’il doit venir. Qu’est-ce que je vais faire, d’ici à quatre heures, pour ne pas m’agiter ? Ah ! quelle idée ! C’est demain le 15, je vais faire mes quittances de loyer. (Il se met à une table.) J’aime ce travail… il me délasse. (Écrivant.) « Je soussigné reconnais avoir reçu de monsieur… »

MADAME CHAMEROY.

À propos, as-tu loué ton second ?

CHAMEROY.

Oui… ne m’interromps pas… (Écrivant.) « Sans préjudice du terme courant et sous la réserve de tous mes droits… » C’est étonnant comme cela me calme !

MADAME CHAMEROY.

Par exemple, voilà une chose que je ne comprends pas… s’amuser à écrire ses quittances depuis le premier mot jusqu’au dernier, quand on en vend de tout imprimées.

CHAMEROY.

Je le sais… mais on n’a pas le plaisir de les écrire. (Écrivant.) « Trois mille. » (Parlant.) on dit que l’argent est immoral !… Celui qu’on ne vous rend pas, oui !… il vous aigrit… vous irrite… mais celui qu’on encaisse… (Écrivant.)