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Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 10.djvu/215

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sent, et ne connaissent ni la dépense, ni le repos, ni le plaisir… Je tiens ces détails intimes d’un domestique qu’ils ont renvoyé et qui s’est présenté chez moi. »

MADAME CHAMEROY.

Ce paresseux de Baptiste ! Tout s’explique.

CHAMEROY, lisant.

« C’est à vous de voir, mon cher cousin, s’il vous convient d’entrer dans cette fourmilière. »

MADAME CHAMEROY.

Notre maison !… une fourmilière.

CHAMEROY.

Voilà une impertinente cousine !… Elle m’accuse de ne pas savoir dépenser ! elle me traite de fourmi ! moi ! Mais d’un mot je pourrais la confondre… J’ai justement fait mon inventaire de l’année ce matin… je n’ai rien de caché pour toi ! (Ouvrant un livre sur la table.) Voici mon grand livre… tu vas voir…

HENRIETTE, riant.

Ah ! papa, je n’y entends rien !

CHAMEROY, à son bureau.

Si ! si ! Je le veux. Recettes : 152,527 francs, dépenses 149,814 francs. Ce sont des chiffres.

HENRIETTE.

Comment, papa, nous avons dépensé 149,000 francs ?

CHAMEROY.

814 francs ! Pas un sou de moins. Écoute le détail… Tiens ! Du 16 janvier, acheté trente actions du Nord 37,500 francs. — Du 16 avril (le lendemain du terme), soixante Midi, 44,700 francs. — Du 16 juillet (toujours le lendemain du terme), soixante obligations de l’Ouest 38,220 francs. » On ne se figure pas comme l’argent file !