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Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 10.djvu/223

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CHAMEROY, vivement.

Qu’est-ce qui a dit que ma fille était gauche ?

PAUL, tout confus.

Quoi ! monsieur !… c’est vous… qui ?… Je n’ai pas dit que… Ah ! c’est une trahison !

CHAMEROY.

Du tout ! du tout ! c’est un service que vous nous rendez !

PAUL, vivement.

Ce n’est pas M. de Vérac qui m’a parlé ainsi… Il me suffit de voir… ce que je vois pour me montrer l’absurdité de ce reproche, et je serais désolé qu’un mot fit manquer un mariage aussi…

CHAMEROY.

Au contraire, c’est sur vous que je compte pour le faire réussir !

PAUL.

Expliquez-vous.

CHAMEROY.

Savez-vous pourquoi M. de Vérac hésite ? Ce n’est pas parce que je suis commun, regardez-moi ! ni parce que ma fille est gauche, vous la voyez… ni parce que ma femme est… car elle ne l’est pas !… Économe, oui ! Serrée, peut-être !…

MADAME CHAMEROY.

Comment, serrée ?

CHAMEROY.

Mais avare… non ! Ce qu’on nous reproche, c’est de ressembler à des fourmis, d’avoir su amasser de l’argent, mais de ne pas savoir le dépenser. Je ne peux cependant pas le manger, mon argent ! Voyons ! je vous prends pour juge.