Aller au contenu

Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 10.djvu/234

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quelque chose ! qui se sacrifient pour quelque chose ! qui prêtent même en sachant qu’on ne leur rendra pas ! qui donnent en sachant qu’on ne leur saura jamais gré ! qui ont foi dans l’amitié, dans l’amour, dans la probité ! qu’est-ce qui a fait les plus grandes choses de ce monde ? des jobards ! Les martyrs ? jobards ! Les héros ? jobards ! Et Dieu veuille qu’un jour, en face d’un service à rendre, d’une preuve de dévouement à donner, j’oublie assez toutes les lois de la prudence pour qu’on dise de moi : « Quel jobard ! »

CHAMEROY.

Ah ! ma foi, je veux être jobard aussi !

PAUL.

À la bonne heure ! nous ferons quelque chose de vous !

CHAMEROY, à sa fille.

Va dire à la personne qui est là que la fourmi souscrit pour trois mille francs.

PAUL, à Henriette.

Mademoiselle, veuillez y joindre ces dix louis sur lesquels je ne comptais pas, l’obole du pauvre.

HENRIETTE.

De grand cœur, monsieur ! (À chameroy.) Tu es un amour de père !

Elle sort.
PAUL.

Maintenant, achevons notre ouvrage, nous n’avons que le temps.

HENRIETTE, rentrant.

Voilà ! c’est entendu !

PAUL.

Sonnez tous vos gens !