Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 10.djvu/308

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ALEXANDRA, fouillant le bouquet.

Tiens ! vous avez fourré un billet là dedans ?…

SAINT-GLUTEN.

Oh ! pas devant moi !… quand je serai parti !

ALEXANDRA.

Mais pourquoi donc ? si vous l’avez écrit, c’est pour qu’on le lise… (Ouvrant le billet et lisant.) « Madame… c’est en tremblant que je prends la plume… mais rassurez-vous, ma passion ne sortira jamais des bornes du respect… »

SAINT-GLUTEN.

Oh ! jamais !

ALEXANDRA.

Et vous appelez ça une déclaration ?… C’est un placet, une demande de secours ! c’est froid ! ça donne l’onglée !

Elle froisse le billet et le jette à terre.
SAINT-GLUTEN.

Ah bah !… je vous en écrirai une autre !… plus chaude !

ALEXANDRA, fouillant vivement à sa poche et en tirant un papier.

Attendez !… j’ai votre affaire ! un brouillon de lettre à Pichenette trouvé dans la poche de mon gueux de mari ! Quand on aime, voilà comme on parle ! (Lisant.) « Chère petite cha-chatte !… »

SAINT-GLUTEN.

Hein ?

ALEXANDRA, lisant.

« Te voir, c’est le ciel !… te quitter, c’est l’enfer !… » (Parlé.) Le brigand !