Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 10.djvu/34

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Agénor.

Mon Dieu… c’était dans la foule du feu d’artifice… derrière vous, un insolent vous avait arraché… un cri, je le giflai, c’était une affaire entre lui et moi.

Loïsa.

Une affaire que M. Martin devait réclamer pour lui seul… il se borna à vous servir de témoin… c’est depuis lors que je n’ai plus le moindre remords.

Agénor.

On peut n’être pas un gladiateur et avoir encore bien des qualités… Je vous assure qu’il vaut mieux que moi, cet homme… J’ai peut-être plus de brillant, mais il a plus de fond ! Si vous le connaissiez comme moi…

Loïsa, haussant les épaules.

Je le connais mieux que vous !

Agénor.

Non, puisque vous ne l’aimez pas… Enfin, que lui reprochez-vous, à part ce duel ?

Loïsa.

Tout ! Il est grotesque jusque dans son sommeil, il ronfle !

Agénor.

Ca, c’est un embarras de la muqueuse, le cœur n’y est pour rien.

Loïsa.

Mettez-le sur un piédestal, n’est-ce pas ? C’est obligeant pour moi ! Ne voyez-vous pas que, si M. Martin est un ange, je suis un monstre ?

Agénor.

Non, Loïsa, le monstre, c’est moi ! Vous ne pouviez tromper