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Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 10.djvu/384

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un bal ou pour une soirée… faisant une enquête comme un juge d’instruction, épluchant la liste des invités, tâtant le pouls à la moralité des danseuses.

LÉPINOIS, approuvant.

Très-spirituel ! très-spirituel !

OLIVIER.

Mais un bal… c’est comme un voyage… on se lie, on fait des excursions ensemble, et, le voyage fini, on ne se connaît plus !

LÉPINOIS.

Voilà !

ROBERT.

Voilà ! j’ai mangé vos petits gâteaux, savouré vos sirops, dégusté vos sorbets… mais je vous défends de me saluer… C’est très-commode !

LÉPINOIS.

Tiens ! tu m’agaces avec tes raisonnements à la Prudhomme !… Et c’est un peintre, un artiste qui parle ainsi !

ROBERT.

Calmez-vous !

LÉPINOIS.

Sais-tu ce que c’est qu’un artiste ? mais un artiste… c’est un insensé, un fou, un braque… un homme sans conduite, sans domicile, sans mœurs, un sacripant…

ROBERT, riant.

Merci…

LÉPINOIS.

Couvert de dettes, buvant de l’absinthe, passant toutes ses nuits dans l’orgie avec un chapeau de feutre et des gants blancs ! voilà ce que c’est qu’un artiste !