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Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 10.djvu/385

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ROBERT.

Certainement, mon oncle, le portrait que vous en faites est très-séduisant… mais je ne crois pas qu*il soit absolument nécessaire d’être un homme mal élevé pour avoir du talent… Moi, je l’avoue, je n’ai pas de dettes, je ne bois jamais d’absinthe, je porte un chapeau comme le vôtre… un peu plus propre…

LÉPINOIS.

Hein ?

ROBERT.

J’ai un domicile et je paye exactement mon terme… De plus… et j’en suis honteux… il m’arrive quelquefois, aux fins de mois, d’acheter des obligations…

LÉPINOIS.

Des obligations ?

ROBERT.

Comme un simple chocolatier.

LÉPINOIS.

Un artiste ! tiens ! tu me fais pitié !

ROBERT.

J’aime mieux cela que de venir emprunter de l’argent à mon bon oncle… qui ne m’en prêterait peut-être pas.

LÉPINOIS, s’adoucissant.

Quant à ça, je ne te blâme pas.

ROBERT.

À force de volonté et de sagesse, je suis parvenu à mettre de côté ce bon petit morceau de pain tendre qui s’appelle l’indépendance… Je travaille à mon heure, dans un ciel… sans huissiers… Je puis refuser le portrait d’un millionnaire… si ce millionnaire est trop laid… Enfin, et par--